Les amateurs d’arts martiaux vont être comblés. Une soirée de boxe khmère exceptionnelle les attend lundi soir au stade Olympique de Phnom Penh. Pour la première fois, quatre combattants français viendront affronter les stars cambodgiennes de la discipline
« Nos boxeurs sont très fiers de venir disputer ces rencontres au Cambodge. Ce sont en quelque sorte des pionniers. » Philippe Sebire a de quoi être enthousiaste. Le responsable technique français de la commission fédérale de kun khmer voit en effet aboutir un projet de longue date. Pour la première fois, des combattants français ont posé le pied au Cambodge pour se confronter aux meilleurs boxeurs du pays. Organisé par la Cambodian Amateur Boxing Federation (CABF) en association avec la Fédération française de Boxe Thaï Muay Thaï et Disciplines Assimilées (FBTMTDA), cet événement proposera sept combats au total, dont quatre internationaux entre Khmers et Français.
Le président de la FBTMTDA, Luc Mensah, sert la main à son homologue de la CABF, Oum Yourann (crédit: LPJ Cambodge)
Développer la discipline en France et en Europe
La pratique de la boxe khmère n’en est encore qu’à ses débuts en Europe. Philippe Sebire ne l’a d’ailleurs découverte qu’en 2006, alors qu’il pratiquait depuis plus de vingt ans le muay thaï : « Mon épouse est cambodgienne et lors d’un voyage dans son pays natal, j’ai eu la chance de rencontrer un grand champion de boxe khmère. On s’est dit tous les deux qu’il y avait peut-être quelque chose à mettre en place pour l’exporter en Europe. Je suis ainsi devenu son entraîneur lorsqu’il est venu en France en 2007 pour promouvoir son art. » Tombé amoureux du Cambodge et de son sport phare, Philippe fait part de son voyage à Luc Mensah, président de la FBTMTDA. Ce dernier, enthousiaste, propose de former une commission fédérale de boxe khmère au sein de sa fédération. Philippe en devient l’entraîneur principal et la discipline endosse alors le nom de kun khmer « car c’est simple à retenir et qu’on peut tout de suite savoir d’où vient l’art martial » dixit le président. Les objectifs de cette commission consistent à développer la discipline en France et en Europe, mais aussi à aider les boxeurs cambodgiens à avoir des opportunités dans ces pays. Contact est alors pris avec la fédération cambodgienne pour favoriser l’expansion de la pratique. Quelques mois plus tard, quatre combattants du Royaume se rendent en France pour enseigner leur sport. D’autres reviendront en mars prochain.
C’est à présent au tour des Français de faire le voyage inverse. « Les boxeurs qui sont ici figurent parmi les meilleurs en France et on espère que vous ne serez pas déçus » lance à l’assistance le président Luc Mensah lors de la conférence de presse. Refusant toute comparaison de valeur entre les boxes des deux pays, la délégation française espère seulement que « ces échanges entre les deux nations perdureront, car ils sont bénéfiques pour tous ». En France, en effet, de nombreux expatriés khmers seront devant leur télé et attendent de ces rencontres qu’elles les aident à former de plus en plus de jeunes au kun khmer.
La délégation française. De gauche à droite : Sofiane Derdega, Lelo Page, Hicham Chaibi, Alain Scheaffer et Philippe Sebire (crédit: LPJ Cambodge)
« Il faut du courage pour relever un tel défi »
Nos « pionniers » du ring se nomment Hicham Chaibi, Sofiane Derdega, Alain Scheaffer et la boxeuse Lelo Page. Tous ont été choisis pour leur niveau, mais aussi en fonction de leur disponibilité professionnelle. En France, leur discipline ne les nourrit pas. Originaires de Suresnes en région parisienne, Hicham et Sofiane sont élèves de l’école des frères Benattia, des références de la boxe thaï française. Alain est, quant à lui, originaire de Caen et Lelo vient de Brest. Leur point commun est d’être, à la base, des pratiquants de boxe thaï. La boxe khmère lui est similaire en tout point, mais reste plus technique et sans doute plus spectaculaire (usage plus fréquent de coudes et des sauts). Pour les puristes, la boxe khmère constitue d’ailleurs l’origine de la boxe thaï.
Les quatre combattants ont donc accepté de relever le challenge proposé par Philippe Sebire et la FBTMTDA. « Ce qu’ils vont faire n’est pas donné à tout le monde, s’exclame l’entraîneur. Ils vont affronter les plus grands boxeurs khmers dans leur pays. Croyez-moi qu’il faut du courage et de la volonté pour relever un tel défi. » L’un d’eux, Hicham Chaibi, dégage en effet une certaine sérénité, et ce malgré la fatigue du voyage, l’approche imminente du combat et sa forte médiatisation. « J’ai déjà un peu d’expérience et je n’ai donc pas trop d’appréhension » déclare-t-il simplement. Adepte des arts martiaux dès son plus jeune âge, « d’abord grâce aux films de Van Damme », Hicham s’essaye à plusieurs disciplines (karaté, jujitsu, kickboxing) avant de découvrir la boxe thaï à l’age de 12 ans. A bonne école chez les Benattia, il ne décrochera plus. A 24 ans, il est aujourd’hui champion d’Europe et compte 25 combats à son actif et seulement trois défaites. S’il avoue être venu au Cambodge « pour gagner », le jeune homme estime aussi que « ce voyage, qu’il tourne au positif ou au négatif sur le ring, m’aura permis d’apprendre quoi qu’il arrive. »
C’est avec une certaine humilité, propre aux pratiquants des arts martiaux, que les membres de la délégation française sont arrivés à Phnom Penh voilà presque une semaine. S’ils savent que leurs chances de victoires sont réelles, ils n’en oublient pas moins que leur objectif est de poser les premières pierres du développement de la boxe khmère en Europe. Convaincu de la portée historique de ce moment pour l’essor de la discipline, Philippe Sebire nous assure même : « Je pense vraiment que les spectateurs vont assister lundi soir à des combats mythiques. »
En complément de cet article :
La Boxe Khmère cherche la lumière http://www.lepetitjournal.com/content/view/22142/1841/
Amour, Gloire et Kun Khmer http://www.lepetitjournal.com/content/view/29587/1841/
Pierre-Olivier Burdin (LePetitJournal.com Cambodge) lundi 15 décembre 2008
Rencontres de boxe khmère France-Cambodge : Lundi 15 décembre à 17 heures au stade Olympique.
Les combats internationaux :
75 kg : Hicham Chaibi vs Vorn Viva
63,500 kg : Sofiane Derdega vs Nuon Sorya
52 kg : Alain Scheaffer vs Chlam Sor
Femme - 59 kg : Ielo Page vs Sok Srey Touk
SOURCE / http://www.lepetitjournal.com
