Milan Prat est un jeune espoir Français des Super-Welter. À 21 ans, il affiche 5 victoires pour 5 combats dont 2 par KO. Après avoir démontré l’étendue de ses compétences et de son talent durant une carrière amateur remarquable qui l’aura vu rafler à 4 reprises le titre de champion de France, et représenter avec brio le drapeau tricolore lors de nombreuses compétitions internationales en équipe de France, il est aujourd’hui bien décidé à faire du bruit chez les pros.
4ans, 1460 jours, voilà le calendrier que se sont imposés Milan et son équipe pour atteindre un premier championnat du monde, but ultime pour celui que l’on surnomme Natsuko. Sa réputation lui faisant déjà défaut, Milan espère gagner rapidement la place de numéro 1 dans sa catégorie et obtenir sa chance au titre national dès que possible.
Prochaine échéance pour Natsuko, le 30 juillet 2020 au Cirque Bormann (75015) après 5 mois d’attente interminable pour ce guerrier des rings.
BN: Milan, peux tu te présenter ?
Je m’appelle Milan Prat, dit Natsuko, je viens de Drancy et je suis boxeur professionnel depuis septembre 2019. J’ai aujourd’hui un record de 5 victoires en 5 combats dont 2 par KO. En amateur, j’ai un record de 65 victoires pour 90 combats, j’ai été quatre fois champion de France. J’ai fait 4 années en équipe de France, 2 à l’INSEP et 2 à Nancy durant lesquelles j’ai participé à deux championnats d’Europe, deux championnats du Monde et un championnat du Monde Universitaire.
BN: Pourquoi la boxe Anglaise ?
J’ai commencé la boxe totalement par hasard, j’ai toujours été sportif et ce sont mes parents qui m ‘ ont poussé dans cette voie la. Je faisais déjà des sports de contact, prise, lutte, judo, puis à 12 ans mon père m’emmène à la salle de Rosny-Sous-Bois où je fais la rencontre de Patric et Tony Martin, et les résultats ont fait que j’ai continué dans cette voie là et aujourd’hui me voila !
Mais pour te dire, je faisais du Basket plus jeune, et encore aujourd’hui je préfère le basket à la boxe pour que tu saches à quel point la boxe c’est le hasard!! (rire).
BN: Pourquoi passer pro si jeune avant même de tenter les JO de 2020 (initialement)?
C’était un choix très réfléchi que j’ai pris avec mon staff. La boxe amateur se professionnalise de plus en plus, quand on part à l’international on combat avec des bandages durs, sans casque, des gants de 10 oz, puis maintenant les boxeurs professionnels peuvent avoir leur chance aux JO. Donc pour moi c’était plus intéressant d’aller chercher de l’argent et pouvoir vivre de mon sport sans faire une croix sur les Jeux Olympiques.
BN: Quel objectif te fixes-tu dans la boxe ?
L’objectif et bien… c’est Champion du monde bien-sûr ! (rire) Le championnat de France et d’Europe c’est important et ce sont de grosses étapes mais mon but c’est évidemment d’être champion du monde. Et puis ceux qui sont sur mon chemin, il va falloir les détrôner pour y arriver ! Notre calendrier c’est 4 ans, je veux avoir mon premier championnat du monde dans les 4 années qui viennent !
BN: Quels sont pour toi les meilleurs Français de ta catégorie ? Et où te situes-tu aujourd’hui ?
Je ne pourrais pas te citer de nom en particulier, tout le monde est bon ! Alors bien sûr sur le papier il y a les Soro, Cissoko qui sortent du lot, mais sinon tout le monde est bon. En tant que combattant je ne prends personne à la légère dans cette catégorie.
À titre personnel , je ne me vois pas au dessus mais je ne me vois pas en dessous non plus ! Sur un ring tout peut arriver, donc moi je prends ce qu’on me donne et puis je m’adapte tout simplement.
BN: Quel est ton style sur le ring et de qui t’inspires-tu ?
Je suis quelqu’un de complet, j’essaie d’être aussi bon en défense qu’en attaque. Une de mes forces sur le ring c’est ma frappe et je suis quelqu’un de solide. Je m’inspire beaucoup de boxeurs comme Bernard Hopkins, Gerald McClellan, Winky Wright, Terrence Crawford, des boxeurs complets qui savent avancer, reculer, et qui savent analyser les forces et faiblesses de leurs adversaires. J’aime beaucoup Lomachenko aussi, mais que veux-tu, c’est un gaucher donc non je peux pas faire ce qu’il fait ! (rire)
BN: As-tu retrouvé la forme d’avant le confinement ?
Aujourd’hui je suis encore plus motivé car on en voyait pas la fin de ce confinement. L’entretien s’est vraiment fait à l’arrache, c’était tous les jours des entraînements dehors, parfois on m’ouvrait la salle, mais c’était pas facile. Le vrai problème c’est que sans objectif on perd la motivation, donc maintenant que j’ai une date, je peux te dire que ça carbure.
Mes 5 premiers combats je les ai fait en 5 mois donc je suis quelqu’un d’actif. Je ne veux plus perdre de temps, il va falloir d’avantage gérer l’aspect financier, les préparations et faire des combats qui servent à grimper dans les classements. Si c’est combattre juste pour combattre ce n’est pas intéressant, je veux du challenge, de la médiatisation, des noms!
BN: Quand auras-tu une chance pour le championnat de France ?
J’espère cette année, ce serait une bonne chose pour ma carrière, je sais que j’ai le niveau, je sais à quoi m’attendre, on fera en sorte d’arriver à notre fin. On va tout faire pour!
BN: Comment se déroule ta préparation pour ton combat le 30 juillet ?
Je me suis déjà bien remis en forme depuis le déconfinement avec mon staff. Initialement je devais faire un camp d’entrainement en Allemagne pendant une semaine pour faire du Sparring, malheureusement ça a été annulé au dernier moment car l’Allemagne commence à reconfiner certaines villes. Donc on va continuer la préparation à la maison, à Drancy comme toujours ! Puis le 30 ce sera le jour J, je ne connais pas encore mon adversaire, je laisse gérer mon staff, ce n’est pas quelque chose qui me préoccupe, moi je m’adapte.
BN: Que penses-tu de l’initiative prise par Zakaria Attou concernant la création d’un syndicat des boxeurs ?
Je pense que c’est une bonne idée, une bonne chose pour nous boxeurs, ça va aussi permettre à l’État de nous entendre, nous sportifs de contact, car on est tous dans le même bateau.
Mais malgré les mauvaises répercutions que le confinement a eu pour la boxe, en vérité c’était une bonne chose pour les boxeurs d’être à l’arrêt, car on a vu les dégâts que ce virus à engendré, le nombre de morts, donc moi je n ‘ étais pas mécontent d’être chez moi, c’était mieux pour moi et pour tout le monde !
Après, notre statut est précaire aussi car on investit peu dans la boxe, et mis à part les sports qui peuvent rapporter de l’argent à l’État comme le rugby ou le football, c’est pareil pour beaucoup de sports malheureusement.
BN: Ton père semble avoir beaucoup d’influence pour toi, qu’elle est votre relation vis à vis du noble art ?
Mon père c’est le boss ! C’est le big boss qui est impossible à battre à la fin des jeux vidéos! (rire) C’est autant un père, qu’un entraineur, homme de coin, conseiller, il est vraiment là pour que je ne fasse pas d’erreur dans ma carrière, et aujourd’hui heureusement qu’il est là, c’est lui qui gère vraiment tout pour moi !
BN: Quelle est pour toi la différence entre le monde pro et amateur ?
C’est une motivation et une pression totalement différente, en amateur il fallait faire des pesées tout les jours, on avait des tournois de 7 jours parfois, il fallait s’absenter longtemps. Aujourd’hui je me fais des kiffes en pro, dans mes entrées, au niveau des rounds, puis moi qui ai une boxe assez posée, je peux gérer d’avantage mon combat, prendre mon temps, analyser mon adversaire.
La différence c’est aussi les bandages durs et les gants plus petits, ce qui fait qu’en pro tout le monde peut tomber franchement. Il faut s’adapter, pas besoin de viser le KO car il peut venir à tout moment. Les adversaires aussi boxent différemment, ils sont plus posés, en amateur , peu importe le style de ton opposant, que ce soit un contreur, un puncher, ou un styliste il va falloir débiter un maximum car tu n’as que 3 rounds pour convaincre les juges.
Aujourd’hui je préfère largement la boxe pro qu’amateur car il y a beaucoup plus de perspectives, déjà financières, médiatiques, puis tu peux tout faire, si tu es bon, tu peux réaliser tous tes rêves !
BN: Quand tu montes sur le Ring est ce que tu as peur ?
J’ai de la peur avant le combat, je me dit « Relou ! Qu’est ce que je fous ici ?! » (rire). Je n’ai pas peur de l’adversaire, j’ai juste peur de perdre, et jusqu’au premier son de cloche! Même pendant les indications de l’arbitre face à l’adversaire la peur est présente, mais dès que je retourne dans mon coin, hop premier coup de gong, tout s’évapore, c’est un autre sentiment qui démarre, je me dis ”Ça y est, il faut que je tape ce type ! », je suis dans mon combat, plus rien ne peut m’inquiéter, il faut boxer !
BN: Comment se passe la vie de famille entre deux combattants de hauts niveaux ?
En vérité ma femme et moi, on est un couple comme tous les autres, on a juste choisi une autre vie que de se lever très tôt le matin pour partir travailler, nous on est rentrés dans la boxe et voilà où on en est aujourd’hui. On essaie juste de se tirer vers le haut. Mais c’est pareil avec ma famille, mes parents me poussent toujours vers l’avant, ils n’ont pas peur ils ont confiance, ma mère espère juste que je vais réussir à m’en sortir, avec tous ces efforts, ce serait malheureux de ne pas réussir ! (rire)
Mais j’ai confiance, pour te dire je suis d’avantage sûr de pouvoir être champion du monde que de gagner au loto, je sais aujourd’hui que j’ai les capacités et les qualités pour réussir, après il faut savoir les exploiter.
BN: Le traditionnel petit mot de la fin ?
Je remercie tout ceux qui me suivent de près ou de loin, je remercie Boxenet pour l’interview, je remercie mon staff, mes parents, ma famille, la ville de Drancy, et puis tout ceux qui sont derrière moi, mes partenaires, Arnaud Sevin qui m’aide dans tous les domaines, Blackayss.MC qui me rend toujours propre lors de mes combats, merci à Custom Yourself Paris pour ses petites touches perso, et merci à l’AS. Et puis surtout soyez au rendez le 30 Juillet au Cirque Bormann, Paris 75015, par ce que ça va péter !
Photos Vincent FENECH