Comme des fauves en cage

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le boxeur51

Sport ou bagarre de rue ? Ces combats extrêmes qui se pratiquent sur un ring parfois grillagé séduisent de plus en plus les jeunes. A Lausanne, deux professionnels témoignent de leurs affrontements en Suisse alémanique et à l’étranger.

«Non, je n’en parle pas autour de moi. Je sais que les gens nous prennent pour des fous.» Un peu à raison d’ailleurs, même si Rouven Kurah, quatre matches chez les pros, le conteste. Le combat libre ou freefight fait peur. La violence de ces affrontements où le combattant, même à terre, peut être roué de coups par son adversaire, est parfois effrayante. Longtemps prohibée aux USA, suite à des accidents, la discipline est légale en France depuis le 1er janvier 2008. En Suisse, elle n’est pas interdite.
Violent le freefight: pas plus que le noble art ou la boxe anglaise, assure Rouven Kurah du Ryu-Kwai Lausanne. Saint-Gallois d’origine, installé aujourd’hui à Château-d’Œx, le bonhomme travaille comme conseiller ORP et a quatre enfants. Un bon père de famille donc qui défend avec conviction sa discipline, même s’il préfère qu’on ne divulgue pas les liens internet qui permettent d’admirer quelques-uns de ses combats. «Il y a rarement eu des accidents. Et aujourd’hui, il y a des catégories de poids, on ne voit plus un gars de 90 kilos se battre avec un de 180.»
Pas pour l’argent

Pour rappel, un arbitre est aussi là pour veiller à ce que le combat ne dégénère pas et qu’on respecte les règles. Car il y en a quand même: pas de coup de boule, pas de coup dans les parties intimes et pas de fourchette dans les yeux de l’adversaire. Les coups de coude sont admis seulement par une Fédération. Pour le reste, les freefighters peuvent se servir de l’arsenal complet des sports martiaux, ju-jitsu, tae-kwondo, karaté, boxe, tout y passe. Et évidemment, le combat continue à terre. «Mais on ne gagne pas forcément par k.-o., même si l’objectif comme dans tous les sports martiaux, est d’en finir au plus vite, souligne Rouven. On peut aussi remporter un match par soumission ou sur étranglement.»
On en vient à la question de base. Qu’est-ce qui peut amener un gars de 30 ans plutôt posé à pratiquer le freefight ? En aucun cas pour l’argent, une prime de 100 francs par match. Alors ? Rouven Kurah n’évoque pas la montée d’adrénaline ou un quelconque côté défouloir dans la cage. «A la base, je viens du taekwondo. Une discipline qui m’avait plu après avoir vu tous les films et DVD sur les arts martiaux. Mais je ne trouvais ça pas assez efficace. Je suis passé par le sambo (self-défense russe) avant de me mettre au freefight. Techniquement, c’est plus complet, je peux adapter ma stratégie suivant le type d’adversaire.»
Le Saint-Gallois ne connaît pas encore la date de son prochain combat. Les seules réunions dans le pays sont organisées ponctuellement à Saint-Gall (en cage) ou Zurich. Le dernier remonte au 1er juillet, en Suisse centrale, et ce fut aussi sa seule défaite.
«Bien sûr qu’on a peur»

Quelques mètres plus bas, au National Sporting Club, João Wilson a un tout autre parcours. Arrivé il y a huit ans du Brésil, ce solide gaillard (1m70 et 82 kilos) vient du ju-jitsu brésilien. Son premier combat en freefight, il l’a livré il y a dix-huit ans en Amérique du Sud.
Et pour l’heure, il n’a pas eu l’occasion de se battre dans sa patrie d’origine. Il a dû partir en Irlande (1 combat cette année) et en Russie pour livrer des matches. S’il a peur ? Toujours avec le sourire, il avoue: «Bien sûr qu’on a peur, mais une fois que ça commence, on n’y pense plus, on est à fond dedans.» S’il aime ça ? João initie les combattants du club avec enthousiasme. Mieux: son fils de 5 ans, Marlom, vient avec lui à la salle et commence à pratiquer les arts martiaux.
​Pas illégal, mais pas assuré

«Effectivement, il n’y a pas de cadre légal à l’heure actuelle», explique Jérôme Canabate, ancien champion du monde de full-contact, aujourd’hui responsable du National Sporting club et organisateurs de galas. A titre personnel, il concède ne pas être conquis par cette nouvelle discipline: «Moi, j’aime le noble art, le respect de l’adversaire. Frapper un type à terre, j’avoue que cela me dérange.»
Un avis que partage Alain Coppey, double champion du monde de full-contact depuis le 8 mars dernier. Pourtant dur au mal, le Valaisan est spontané: «Pour moi, c’est du combat de rue.»
En attendant, rien n’empêcherait la tenue de combats de freefight en Romandie et à Lausanne, comme le confirme Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police cantonale. «Ces activités sont régies par les fédérations sportives. Il existe des dispositions légales uniquement lorsqu’il y a usage du domaine public, comme pour une course automobile par exemple ou une compétition sur un plan d’eau.» Il prévient toutefois: «En cas de lésion corporelle grave, ça devient pénal même si les acteurs sont consentants, c’est poursuivi d’office.»
Une difficulté soulignée également par Canabate. «Il faut bien reconnaître que cela pourrait être intéressant du point de vue du business. Actuellement, on a près de 120 membres qui font du freefight au club sur un total de 800, il y a un véritable engouement. Mais de toute façon, la question ne se pose même pas. Personne ne veut assurer ce type de matches, contrairement à des combats de boxe thaï par exemple. En cas de blessure, la seule solution serait de mentir. Et c’est hors de question.»
J.-M. R.
SOURCE / http://www.24heures.ch
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