Mendy, le choc des mots
Boxe . Avant la Fête de l’Humanité, où la discipline sera en vedette à l’espace sport, l’ancien champion du monde nous donne une leçon de noble art. Percutant.
À quarante-trois ans, Jean-Baptiste Mendy a gardé son physique de styliste des rings. « Quelques muscles en moins », rectifie l’ancien champion du monde des légers de 1996 à 1999. Il a conservé ses habitudes aussi, travaille toujours dans la même grande surface de la région parisienne au rayon « bricolage » qu’il n’avait pas quitté pendant ses années de lumière. Après s’être mis en retrait du monde de la boxe pendant six longues années, il vient de se laisser convaincre par un client du magasin de replonger entre quatre cordes. Dans un rôle d’éducateur, cette fois, à Gentilly tout près de Paris.
Un « retour aux sources », dit-il, une manière de défendre le « noble art » qu’il aime et qu’il racontera dimanche à l’espace sport de la Fête de l’Humanité.
Depuis votre dernier combat en 2000, vous avez un peu déserté le milieu de la boxe...
Jean-Baptiste Mendy. Oui, j’avais envie de m’éloigner de ce milieu où j’étais depuis longtemps puisque j’ai rejoint les rangs des pros en 1983. Ce n’est que cette semaine que j’ai repris le chemin de la salle, à Gentilly en banlieue parisienne, pour m’occuper de jeunes. Après une longue carrière, j’avais besoin de faire un long break, il a duré finalement six ans.
Pourquoi cette envie de couper les ponts ?
Jean-Baptiste Mendy. Ce n’était pas un ras-le-bol, mais un besoin d’évacuer. Il fallait que je sois en état de manque. Là, je me sens prêt à faire partager mon expérience de la boxe.
Quelle serait votre définition personnelle du noble art ?
Jean-Baptiste Mendy. La boxe, c’est aussi la recherche du beau geste, une recherche avec la tête et les jambes. C’est un partage, un amour, c’est se donner entièrement à ce que l’on fait. Sans abnégation, sans envie, il n’y a pas de boxeur. La boxe, c’est un sport tellement noble qui ne doit pas se réduire à deux mecs qui se donnent des coups de poing. Surtout pas.
Votre modèle de boxeur ?
Jean-Baptiste Mendy. Moi, ce que j’aime, c’est Mohammed Ali, c’est l’escrime des poings, l’art de l’esquive, ce n’est pas important de tabasser le mec en face. La gestuelle et le rythme, c’est-ce qu’il y a de plus beau dans la boxe.
À vous entendre, la boxe n’a rien de violent. Ce n’est pourtant pas une danse à quatre temps ! Des boxeurs perdent la vie entre quatre cordes...
Jean-Baptiste Mendy. C’est choquant parce que c’est très visuel, mais il y a des morts aussi sur les terrains de football. Les morts sur le ring sont malheureusement des accidents de la vie. Ce qui ne veut pas dire que j’élude le débat. À force d’entendre dire « la boxe, c’est complètement con », je me suis évidemment posé des questions... Mais j’aime toujours ce sport.
Au point de l’enseigner aujourd’hui à des jeunes, que diriez-vous justement à des parents réticents devant ce sport ?
Jean-Baptiste Mendy. Qu’il faut être à l’écoute du jeune et de ses envies de découverte. Celui qui va monter sur un ring pour la première fois découvrira alors que la boxe est un sport âpre, une école de respect de certaines valeurs. L’avantage de la boxe, c’est qu’elle donne des règles et qu’elle amène aussi des sensations. Monter sur un ring, c’est une trouille intense.
Il faut la dépasser par le respect des règles et la confiance que ton travail t’a apportés. Après, en boxe, si tu perds, c’est ta faute. Et ça fait mal pas seulement physiquement.
La boxe, une école de la vie, c’est un cliché, une réalité ?
Jean-Baptiste Mendy. Tout sport peut structurer un individu. La boxe encore plus, peut-être, parce que c’est un sport individuel. Tu ne peux compter que sur toi-même. Elle t’apprend beaucoup sur toi parce que la sanction arrive vite. Par exemple, si tu fais tes joggings à moitié, tu vas morfler sur le ring. Tu seras vite coincé entre quatre cordes parce que tout part du déplacement des jambes.
La facilité gestuelle est la base de tout. Si tu montes sur le ring avec seulement un état d’esprit de bagarreur, tu n’y arriveras pas. Parce que tu combattras sans intelligence.
Entretien réalisé par Frédéric Sugnot
SOURCE / http://www.humanite.presse.fr
INTERVIEW DE JEAN-BAPTISTE MENDY !
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Une petite nuance sur ce qu'il dit:certain boxeurs sont trés fort grace a leur instinct leur"esprit bagareur" je pense notament a Roberto Duran qui adorait se battre et c'etait naturel pour lui;il navait pas besoind inteligence sur le ring.
Je suis le plus grand combattant dans l'histoire du sport. Si vous ne le croyez pas, vérifiez la caisse enregistreuse." Mike Tyson