« Chaque année en France, des milliers de femmes et hommes suent sang et eau dans l’ombre des salles de boxe. Certains veulent apprendre à combattre, d’autres viennent se défouler ou se lancer des défis… une petite poignée seulement est destinée à briller jusqu’aux plus hauts sommets du Noble Art. Une technique innée, une gestuelle ou le punch qui fait la différence et saute aux yeux. Leur talent se démarque et se remarque au fils des compétitions amateurs, ils sont nos champions de demain, nous leur donnons ici la parole. »
BIGOT MARSEILLE (26v-4d)
Bigot Marseille est un jeune étudiant des Mureaux (78440), il est en première année de BTS Negociation et Digitalisation de la Relation Client, et derrière ce grand sourire, se cache déjà un jeune double champion national.
Du haut de ses 1m86 pour 68kg, c’est avec détermination et acharnement qu’il a décidé de percer dans la boxe, commencée sur le tard à 15 ans, dans la célèbre salle « BAM l’héritage » des frères Hallab, il a en quelques années remporté la quasi totalité des compétitions qu’il a disputées. Aujourd’hui il nous explique son parcours, ses rêves et ses ambitions.
BN: Bigot, peux-tu nous dire comment tu as commencé la boxe ?
J’ai vraiment adhéré à ce sport grâce aux valeurs qu’il m’a apportées, au début quand j’ai commencé je n’avais pas de talent , ni de style particulier, mais j’ai reçu beaucoup de soutiens de la part des entraîneurs, et j’ai tout de suite eu une connexion naturelle qui s’est faite en entrant dans cette salle. Certaines personnes sont nées pour devenir boxeur, moi pas du tout et j’ai dû travailler énormément pour commencer à devenir bon et voir des progrès.
Ma première année , j’ai surtout observé les combattants de mon club, je me suis inspiré d’eux, peu importe le style, j’observais ce qui fonctionnait chez les uns, les forces des autres, les défauts aussi, je regardais leurs combats chez moi, et comme j’aime les défis, je me suis dit « Bigot, tu vas réussir, eux aussi ont commencé tout en bas et regarde où ils sont aujourd’hui ».
Alors je n’ai pas lâché et je me suis entraîné sept jours sur sept sans arrêt puis ça a finit par donner des résultats. J’ai fait avec succès un premier combat de gala et mes coachs ont décidé de m’inscrire pour les championnats d’Ile de France, puis j’ai enchaîné les victoires dont deux championnats de France chez les -60kg.
BN: Aujourd’hui quel est ton but amateur ? quelles sont tes ambitions ?
Mon but n’est pas de me précipiter, je veux prendre un maximum d’expériences au niveau national, enchainer les tournois, gagner des titres , notamment un championnat de France pour la troisième fois. Puis la suite logique sera l’international, je veux pouvoir me situer vis à vis des boxeurs du monde entier pour atteindre mon but, les JO Paris 2024!
BN: Qu’espères tu d’une aventure Olympique? Surtout en 2024 à Paris, est-ce une source de motivation supplémentaire dans ta jeune carrière ?
Oui forcément, mais après peu importe le lieu, l’aventure Olympique pour moi va permettre de mettre la lumière sur mes performances, on sait ce que représentent les JO en termes d’exposition médiatique, énormément de personnes seront présentes, notamment pour découvrir les talents. Si plus tard j’envisage d’entamer une carrière professionnelle, c’est pas juste pour le statut, ce sera avec une bonne structure, avec un bon entourage, c’est ce que peut m’apporter les JO, mais le chemin est long et il ne faut pas brûler les étapes.
BN: Peux-tu nous décrire ton style de boxe ?
Ma devise sur le ring , c’est toucher sans se faire toucher. J’ai l’avantage d’avoir de grands bras, je fais 1m86 donc je suis assez grand pour ma catégorie, je ne suis jamais tombé sur quelqu’un de plus grand que moi pour l’instant.
Donc je cherche à toucher mes adversaires sans prendre de coup, marquer mes points, je ne rentre pas dedans, je garde mes distances et je boxe. J’ai commencé mes premiers combats plutôt sur la défensive, et surtout en contre -attaque, j’attendais les coups adverses pour contrer. Aujourd’hui je suis beaucoup plus actif, c’est moi qui dicte mes combats.
BN: Quels boxeurs t’inspirent aujourd’hui et dans l’histoire du Noble Art ?
J’ai la chance d’être au sein d’un club plein de talents et de champions,donc ma première source d’inspiration vient de mon club, mon président Ali Hallab qui a un grand parcours amateur et qui me guide et me conseille techniquement, mon frère d’arme Elie Konki pour son parcours exceptionnel, son courage et son talent, Zakaria Attou, Souleymane Cissockho pour sa carrière amateur et pro et ses actions humanitaires qui me touchent. Et à l’international, j’aime beaucoup Roy Jones Jr, Floyd Mayweather Jr, T. Crawford, Muhammad Ali. J’aime vraiment regarder leurs combats car ils m’inspirent stylistiquement, j’analyse les situations dans lesquelles ils se sont retrouvés car je serais sûrement amené à me retrouver dans les mêmes à l’avenir.
BN: Raconte nous ce qu’est l’entrainement au « Bam l’heritage »
Déjà c’est le meilleur club de France, donc même plus besoin de le présenter, ensuite la vraie force du BAM c’est l’esprit qui règne dans cette salle, on est une vrai famille, dans le sens ou à chaque combat, chaque événement, tout le monde se déplace, si il faut prendre un bus ou l’avion, en France ou ailleurs, on fait tous le déplacement, on se soutient toujours.
Niveau pugilistique, on est ultra complet, que ce soit en terme de niveau, compétence ou de style. En général, les boxeurs lorsqu’ils ont besoin de sparring, ils font venir des boxeurs d’ailleurs ou ils font le déplacement, nous pas du tout, si demain j’ai besoin d’un grand outboxer je le trouve, si c’est un petit rentre-dedans c’est pareil, donc c’est un vrai avantage. Puis l’entrainement c’est du sérieux, on s’amuse beaucoup mes frères d’armes et moi avant dans les vestiaires ou même après les séances, mais une fois que la séance à commencé, tout le monde est dans sa bulle et on s’entraîne à fond.
BN: C’est un privilège pour toi de t’entraîner en compagnie de tous ces champions ?
Bien sur ! J’évolue rapidement car ils m’inspirent et je peux les observer quotidiennement de l’entrainement jusqu’aux combats ! Ils me conseillent et ça m’aide à éviter les erreurs qu’ils ont déjà fait, en plus des conseils techniques sur ma boxe, je sais quels choix faire et quoi éviter si un jour je passe professionnel.
BN: Quel est ton état d’esprit sur le ring ? Est ce que tu as peur parfois ou as tu totalement confiance en toi ?
Je ne sous-estime jamais mes adversaires mais je ne les surestime pas non plus. Mon premier souhait c’est de performer le mieux possible, de finir le combat en sachant que j’ai mouillé le maillot et que j’ai fait mon maximum, donc peu importe le niveau de mes adversaires , je ne me pose pas de question, ça , c’est plutôt le travail de mes entraîneur afin de me trouver les sparring adaptés.
Quand je monte sur le ring c’est pour gagner, j’ai aucune peur ni avant ni pendant , tout simplement par ce que le travail a été fait, je ne triche pas à la salle et puis une fois sur le ring j’ai juste à écouter les instructions de mes coach. Après, tout n’est pas toujours rose, on a aussi des décisions qui paraissent injustes, mais le but , c’est de ne laisser le choix aux juges que de me remettre la victoire. Et puis si ce n’est pas le cas, j’apprend, car on apprend toujours de ses défaites, injustes ou justifiées, ça reste de l’expérience à prendre.
BN: Parle moi un peu de ton championnat de France contre Chadi Baraia qui a fait beaucoup de bruit, qu’ as tu appris de ce combat et penses-tu l’avoir gagné ?
Je ne me dis pas que je me suis fait voler, par ce que ce serait trop facile de simplement penser que c’était une décision malhonnête, même si mon équipe et moi pensions avoir gagné ce combat, si on a remis la décision à Chadi c’est que j’ai forcément des choses à rectifier et à apprendre de ce combat. Je n’ai pas d’animosité envers Chadi, c’est un bon gars et un bon boxeur, en dehors du ring nous nous apprécions.
Après, aujourd’hui j’ai une victoire sur Chadi, et il a une victoire aussi contre moi, j’aimerais pouvoir le rencontrer à nouveau dans les années qui viennent pour faire la belle, et qu’il y ait un vrai vainqueur entre lui et moi.
BN: Comment t’es tu adapté au confinement, et comment vois tu l’avenir de la boxe après cette crise ?
Déjà ça m’a donné plus de temps, j’ai pu faire des actions humanitaires liées à la pandémie comme les distributions alimentaires, j’ai profité d’avantage de ma famille. Et puis niveau pugilistique ça m’a permis de faire un gros travail sur moi même, j’ai re-visionné tous mes combats pour analyser mes faiblesses, et j’avais souvent mon coach Aziz Hallab en appel vision. Puis en terme de carrière , moi , ce confinement ne m’affecte pas tant que ça , car je fixe mon calendrier sur les JO de 2024 et non ceux de 2020. Après c’est sûr que c’est difficile pour le monde pro, je pense a mes frères mais aussi à tous les autres que ce soit les partenaires sponsors, qui ont vraiment souffert de cette pandémie,
La boxe a pris un gros coup , c’est sûr, mais moi je suis toujours optimiste, il faut tirer leçon de ce qu’il s’est passé, faire avec ce virus, respecter les gestes barrières le temps qu’il faudra, puis il faut continuer son entrainement,, rester affûté, garder une hygiène de vie, mais la boxe ressortira encore plus forte j’en suis sûr
BN: Quand te reverra-t-on sur un ring ?
On devrait me retrouver aux Mureaux pour notre gala annuel organisé par le BAM et ses sponsors normalement vers Septembre, Octobre j’espère, puis par la suite je devrais enchaîner avec les championnats d’Île de France puis championnats de France.
BN: Un petit mot pour la fin Bigot ?
Tout d’abord merci à toi Vincent, merci à Boxenet et ses lecteurs, mes soutiens, ma team Bigot M qui me donne tellement de force au quotidien, mon club et mes coach.. Je voudrais aussi remercier tous ceux qui œuvrent dans l’ombre pour notre sport et ils sont nombreux, souvent de façon bénévole, je les remercie car ils nous aident à performer davantage. Aujourd’hui les réseaux sociaux sont devenus primordiaux pour la communication des boxeurs et je suis donc très honoré par cette interview.
Et je vais continuer à travailler super super dur, je ne lâcherai pas et on peut m’attendre pour les JO de Paris 2024 dans le carré magique !
Photos/Article Vincent FENECH